Réminiscence 28 juillet, 2010
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« Pour Aphrodite, sans conteste la plus belle. »
Il y eut un soir où Vénus parut bien pâle,
Un soir où du cosmos un diamant tomba,
Bathyscaphe éblouissant la lumière hâle
Des pleines assoupies qu’un enfer enchaîna.
Des curieux sortirent hagards de leurs maisonnettes
Afin de contempler l’objet mystérieux ;
On aurait dit de vastes troupeaux d’allumettes
Engoncés dans leur sommeil comme des vieux,
Arbres déracinés dans un désert malsain.
Aucune once de poussière du sol pierreux
Ne se détacha, transformant la scène en un
Drame que les chiens pressentent tremblants, peureux.
Ils ne bougèrent par phobie que disparaisse
Ce bijoux, qu’il retourne à ses œuvres premières
Loin de cette contrée mariée à la paraisse,
Laissée à l’abandon, au péril des cratères.
La capsule précieuse se fendit soudain,
Laissant darder des rayons de cheveux dorés
Par le mielleux passé des plus beaux matins
Que certains d’entre eux ici se sont rappelés,
Esquissant un sourire au goût du souvenir,
Un rictus acide d’avoir presque oublié.
La coquille en quartz se brisa à frémir
Au son de la cote de mailles martelée ;
Le sol sous-jacent se craquela comme un œuf
Barbote et fini par se fendre, libérant
Le nouveau monde tel un vil fœtus de bœuf
Délivré au hasard sur de stériles empans.
Le vaisseau s’ouvrit dans un bâillement sacral
Révélant de frêles jambes énergisées
Par une sève puissante, un flux sidéral,
Qui au contact des terres d’accueil bien ridées
Sembla brûler ou plutôt couler en fluide,
S’insérant du cœur des racines aux interstices
Bien sèches de cet éperon oublié des druides.
La douce chaleur emplit l’âme emplie de vices
Des êtres maintenant baignés dans la rivière
Qu’ils n’ont su gardé jadis, flot majestueux
Qui parait autrefois la terre toute entière,
Azurée sous la rosée des matins heureux.
Des lunes apparurent sur les regards espiègles
Dont les joues marbrées fondirent à la renaissance,
Réminiscence tant attendue aux siècles
Que tous, sans exception, entrèrent enfin en transe.
L’aura sortit complètement de l’habitacle :
Elle possédait des formes qu’on croyait perdues,
Elles étaient là toutes entières dans ce miracle
Entièrement nu que seul un Dieu eût conçu.
Sa bouche souffla l’éther en le caressant
D’une déflagration purificatrice ;
Jusqu’aux tréfonds de ces pauvres corps écumants
S’effacèrent comme comblées les cicatrices.
Tous les visages étaient braqués sur la beauté
Même, au milieu d’une pleine où elle devait
Ne s’être jamais donné la peine d’entrer.
Sur les restes fumants de basaltes effrités
La déesse se mit à déhancher, faisant
Des allumettes flambées ses marionnettes,
Assoiffées de désirs charnels, serrant les dents
Du manque libidineux réduit en miettes.
A leurs yeux l’air se remplit d’oxygène pur,
Le soleil brillait de mille feux au zénith
Bleu, une voix leur susurrait des mots d’amour
Et les oiseaux gazouillaient, construisaient leurs nids.
Les seins de la diva leurs parurent des monts
Adoucis par des pentes vierges vers la croupe ;
Ils ne savaient pas qu’elle cachait le démon
Entre ses reins, prête à accueillir tous ces dupes !
Les mâles en rut se précipitèrent, bavant
Comme des gastéropodes enfermés en cage,
Les pupilles dilatées, injectées de sang,
Vers les ravins infernaux bordés par la lave.
Elle attira toutes ces mouches dans sa toile,
Leur ouvrant grand les bras, voulant les embrasser,
Les choyer, parce qu’ils croyaient lever les voiles
Vers une terre connue, tant de fois aimée,
Loin de cette foutu crasse inscrite à jamais.
Mais leur jugement trop hâtif les emporta
D’un baiser sirupeux, d’un brasier furieux
Sur leurs commissures larmoyantes de joie
Pour cet espoir renvoyé au néant brumeux.
La veuve noire tua tous ces hommes fous.
Tous sauf un qui se cachait derrière un rocher.
Elle s’approchât de lui et lança d’un seul coup
La cache, laissant nu comme un ver le dernier
Des courtisans qui n’avait pas eu le courage
D’approcher de plus près la beauté érigée.
Il rampa alors vers elle, implorant adage
L’opportunité unique d’un vrai baiser,
De goûter à nouveau les lèvres oubliées
De celle qu’il aimait ; une dernière fois
Elle l’embrassa, dans un sillon de nuées,
Dévoilant l’univers coloré d’autrefois.